Vendredi dernier, des envoyés du candidat du MAPAR, composés des sénateurs et des députés et ceux du TIM accompagnés par des éléments de l’Emmoreg sont venus envahir le bureau de l’Aviation Civile de Madagascar (ACM) pour « obliger » le directeur général , James Andrianalisoa, à signer l’autorisation d’importation et de vol des hélicoptères de leurs candidats respectifs. Ils sont munis de la lettre de réquisition écrite par le Premier ministre Ntsay Christian la veille.
Effectivement, le Premier ministre a fait montre de son autorité en faisant de telle réquisition à la direction de l’ACM suite aux plaintes de trois candidats dont Andry Rajoelina, Marc Ravalomanana, Mahafaly Solonandrasana. Le fait de mobiliser les forces de l’ordre ainsi que les partisans de chaque candidat à venir au bureau de l’ACM fait tiquer car cela rappelle l’événement qui s’était à l’Episcopat Antanimena et au Carlton où certains militaires ont usé de leur force pour terroriser les personnalités venues se réunir dans le cadre de la sortie de crise et le politicien Manandafy Rakotonirina. Une manière sauvage de contraindre les gens à se soumettre à leurs autorités sans le moindre respect ni de la loi ni de la victime.
Toujours au secours de son poulain
Donc, pour Ntsay Christian, la question liée au respect de la sécurité, le règlement qui régit l’affrètement d’hélicoptère sur le territoire national et de la procédure n’est la priorité. Le plus important pour lui c’est l’équité entre les candidats en lice. D’une manière, il a eu raison sur le fait que le candidat Hery Rajaonarimampianina a eu la fameuse autorisation avant tout le monde et qu’il aurait donné l’ordre à James Andrianalisoa de bloquer celles des autres. Si c’est vraiment le cas, il faut le dénoncer. Mais d’une autre manière, on voit la prompte réaction de ce premier ministre chaque fois que l’intérêt de son poulain, Andry Rajoelina, est mis en cause.
On se souvient de l’injonction qu’il a faite au directeur de Tafita lorsque celui-ci a interdit la tenue de manifestation à caractère politique au palais de sport et de la culture Mahamasina. Sous la pression, le directeur a capitulé. Pour la deuxième fois, ayant été informé que les hélicos importés par Andry Rajoelina sont bloqués par l’ACM car ils n’ont pas respecté les procédures d’usage. L’ACM a fini par donner les fameuses autorisations quitte à mettre en jeu les différents règlements. Mais avec la médiatisation de l’affaire, le Sky services, une société sud-africaine, a aussi envoyé les dossiers qu’elle aurait dû remettre avec la demande d’autorisation de vol.
Conquête de pouvoir
Le candidat du MAPAR a importé cinq hélicoptères, celui du TIM deux et le premier ministre sortant un hélico. Des joujoux qui coûtent au minimum 135 000 euros (soit 540 000 000 ariary) jusqu’à 19 millions d’euros. Des moyens hallucinants dans un des pays les plus pauvres du monde, tout cela pour dire que les enjeux de cette campagne électorale sont importants. Il n’est pas difficile donc d’imaginer que si ces candidats disposent de tels moyens c’est que le pouvoir leur donne la possibilité de « rembourser » ou de « rétribuer » leurs financeurs étrangers. Une fois arrivé au pouvoir, ils chercheraient le moyen de maquiller cela pour que le trésor public en paie le prix, ou ils négocieraient les ressources naturelles aux bénéfices de ces financeurs.
Quel changement le peuple malgache peut espérer de cette situation. De plus, tous les opportunistes assoiffés de pouvoir, députés, sénateurs, maires, politiciens de tous bords, affairistes, se sont tous ralliés derrière Andry Rajoelina, un des candidats les plus visibles. Du coup le parti HVM de Rajaonarimampianina se trouvait dépouillé de nombreux éléments et de soutien comme ceux de Jaona Randriarimalala et de Siteny Randrianasoloniaiko. Marc Ravalomanana n’a pas reçu le nombre de soutien qu’il espérait, quant au nouveau venu, André Dieudonné Mailhol, il compte sur le vote des fidèles de son église. Pour les autres candidats, ils doivent conquérir les électeurs car leur nom et leur figure sont inconnus du public.
Le déroulement de la pré-campagne et la campagne électorale confirme nos doutes concernant le soi-disant changement promis et chantés par chaque candidat. Tout n’est que course pour la conquête et reconquête de pouvoir assortie de recherche d’argent facile et rien d’autre. O pouvoir quand tu tiens nos politiciens !